À la caserne de St Gilles, dans le Gard est arrivée une nouvelle recrue. Rancho est un jeune labrador toujours prêt à jouer comme beaucoup d’autres de ses congénères. Pourtant, Rancho est un chien singulier, doué de capacités d’empathie hors du commun. Il a été formé durant 2 ans en tant que chien d’assistance judiciaire. Son maitre, Jérôme LAPP, administrateur et Secrétaire Général de la MNSPF, travaille avec lui depuis 8 mois. Il nous raconte son expérience.
Quelles sont les missions d’un chien d’assistance judiciaire ?
Jérôme LAPP : Jusqu’à 3 séances par semaine, Rancho et moi-même sommes réquisitionnés par des tribunaux ou commissariats, dans la zone méridionale de France. Nous nous rendons auprès de celui ou celle que l’on appelle le « bénéficiaire » sur le lieu de l’audience. Les présentations durent 30 mn. Dès lors que la personne prend la laisse du chien, cela marque le début de travail de Rancho. Je lui donne quelques commandes une fois que le bénéficiaire est installé. En prononçant le mot « cool », j’annonce que je lui laisse la main. Il va devoir travailler sans moi et sans me rechercher.
Comment explique-t-on scientifiquement ce qui se passe à ce moment-là ?
Jérôme LAPP : Par son attitude et son regard, Rancho sait comment apaiser son interlocuteur et faire baisser son rythme cardiaque et sa pression artérielle. Cela permet la délivrance d’ocytocine, l’hormone du bien-être. Ainsi, les plaignants s’expriment de manière plus apaisée à un juge ou un enquêteur.
Parlez-nous de Rancho
Jérôme LAPP : Rancho est une éponge à émotions. Quand il est présenté au bénéficiaire, il s’approche de lui pour faire connaissance. A chaque émotion négative ressentie, le chien va manifester sa compassion, en posant, par exemple, sa tête sur les genoux de la personne. Il peut arriver que des enfants victimes soient amenés à témoigner. Grâce à la présence de Rancho, ils se sentent en sécurité, communiquent avec lui et réussissent à expliquer des choses qui jusque-là n’avaient pas été possibles face à un être humain.
Pourquoi ce projet a vu le jour dans le département du Gard et dans le CS de St Gilles ?
Jérôme LAPP : Mon chef de centre, le capitaine Nicolas BARO, a été à l’initiative de ce projet car il y croit et la capacité de ces chiens n’est plus à démontrer. Si ces chiens ont des capacités d’empathie, ils montrent également un véritable désir altruiste d’offrir de la consolation et de soulager la détresse émotionnelle. En tant que sapeur-pompier, notre mission première est le secours à la personne et je trouvais parfaitement cohérent de contribuer à l’avancement d’une enquête judiciaire. J’aimerais que ce projet prenne l’ampleur qu’il mérite et puisse rayonner au niveau national. Le corps pompiers peut être moteur dans cette démarche et créer une dynamique d’engagement pour que chaque SDIS ait l’opportunité d’accueillir en son sein un chien d’assistance judiciaire.
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